Juliaca, cité des vents et étape scientifique pour Expedition 5300

Publié le 14 octobre 2024
Antony Costa réalise une échographie cardiaque

Après une première semaine riche en découvertes à Cusco, notre mission scientifique s’est poursuivie à Juliaca, une ville située à 3824 mètres d’altitude dans les Andes péruviennes. Ce lieu unique est le théâtre de notre deuxième phase d’évaluation, où nous avons collaboré avec l’hôpital local pour examiner près de 100 enfants. Cette étape s’est avérée capitale pour plusieurs raisons. D’une part, elle a permis d’offrir un soutien médical direct à ces familles vivant dans des conditions difficiles. D’autre part, elle nous a fourni une base de données scientifique inestimable sur les effets de la haute altitude sur le développement des enfants.

À cette altitude, les conditions de vie diffèrent radicalement de celles des régions en plaine. Le manque d’oxygène (hypoxie) impose des défis physiologiques que peu d’enfants dans le monde rencontrent. Nos évaluations se concentrent sur des aspects clés du développement, tels que la santé cardiovasculaire, sanguine et cognitive des enfants. Quels mécanismes de défense leur corps met-il en place ? Comment s’adaptent-ils à ce manque d’oxygène, et quelles sont les limites de cette adaptation ? Ces questions nous guident dans nos recherches, afin de mieux comprendre et de protéger ces jeunes générations.

Revivez cette semaine intense en vidéo. ©Perceptiom, Agence de communication scientifique.

Des recherches inédites sur l’impact de l’hypoxie chez les enfants

Depuis cinq ans, Expedition 5300 explore les effets de l’hypoxie chronique chez les adultes vivant à La Rinconada, la ville la plus haute du monde. Nos découvertes ont révélé que, bien que la majorité des habitants parviennent à développer des adaptations remarquables face à la faible concentration en oxygène, environ 25 % de la population adulte présente des signes d’intolérance à ces conditions extrêmes. Ces manifestations incluent des affections cardiovasculaires, respiratoires ou encore des troubles cognitifs. Cette réalité nous pousse à explorer une nouvelle dimension : celle de la santé des enfants.

Pourquoi s’intéresser aux enfants ?

Le développement d’un enfant est un processus complexe, influencé par de nombreux facteurs internes et environnementaux. Grandir dans une zone où l’oxygène est réduit de moitié par rapport au niveau de la mer peut entraîner des adaptations, mais aussi des conséquences imprévues sur le long terme. L’hypoxie pourrait affecter leur croissance, leur capacité d’apprentissage ou encore leur développement psychomoteur. Nos évaluations à Juliaca visent à déterminer dans quelle mesure ces jeunes résidents des hautes altitudes sont touchés par l’hypoxie, et si des interventions médicales peuvent être envisagées pour améliorer leur santé.

Cap sur La Rinconada, la ville la plus haute du monde

Notre prochaine destination est La Rinconada, une ville isolée à plus de 5000 mètres d’altitude, considérée comme le plus haut lieu de vie permanent au monde. Travailler dans cette région représente un défi majeur pour nos équipes scientifiques. La recherche en haute altitude n’est pas uniquement un exercice intellectuel ; elle demande également une résilience physique et mentale. Chaque journée sur place est marquée par des difficultés logistiques : l’hypoxie elle-même, le manque d’infrastructures sanitaires de base (pas d’eau courante, pas de chauffage) et les conditions matérielles précaires compliquent chaque étape des évaluations. Il n’y a pas de structures médicales modernes, obligeant notre équipe à improviser et à s’adapter constamment. De plus, les différences socioculturelles ajoutent un autre niveau de complexité à cette mission. Malgré ces obstacles, c’est un terrain d’étude unique pour comprendre les mécanismes d’adaptation à l’hypoxie.

Jusqu’à présent, nos recherches se sont concentrées sur les adultes, mais nous tournons désormais notre attention vers les enfants de La Rinconada. Ces enfants, exposés dès leur naissance à des conditions extrêmes, représentent un cas d’étude fascinant pour les scientifiques. Comment leurs corps, encore en développement, réagissent-ils à ces niveaux drastiquement réduits d’oxygène ? Leurs systèmes sanguin, cardiovasculaire et cognitif subissent-ils des adaptations similaires à celles des adultes, ou sont-ils plus vulnérables ? L’enjeu de cette recherche est de comprendre ces mécanismes d’adaptation pour anticiper les éventuelles complications médicales, telles que l’anémie ou le mal chronique des montagnes, et mettre en place des stratégies préventives.

Ces données nous permettront non seulement d’améliorer la prise en charge des enfants vivant en altitude, mais également de faire progresser la science médicale dans des contextes d’hypoxie. Ces résultats pourraient aussi être appliqués à d’autres régions du monde où les populations doivent faire face à des conditions environnementales extrêmes.

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